« IF YOU WERE GAY »
Ou comment réagir quand votre coloc est persuadé que vous êtes gay et tient absolument à vous faire savoir que ce n'est pas grave, quand bien même vous l'assurez que NON, vous n'êtes pas gay ?
(Et contrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre, ce n'est pas du slash)
Disclaimer :
L'univers et les personnages d'Highlander ne m’appartiennent pas, je n’en tire aucun bénéfice. Ils sont la propriété exclusive de MM Widen, Ryscher, Panzer et Davis.
De même, pour les paroles très largement empruntées, voir détournées de la chanson « If you were gay » de Avenue Q.****
Macleod était seul sur sa péniche, tranquillement installé sur le pont extérieur à se faire dorer la pilule. Il n’avait pas grand-chose à faire et Paris en période estivale était désert. Seul avec son verre de scotch et son livre du moment, le premier tome « Des Chemins de la liberté » de Jean-Paul Sartre, il se prélassait. Il n’y avait plus personne dans la capitale pour l’embêter. Alors que demander de mieux ? Un succinct mal de tête l’informa rapidement que sa journée de repos n’aura pas duré aussi longtemps qu’il l’aurait souhaité. Et à sa grande surprise c’était son protégé qui lui rendait une petite visite.
- « Ah, salut Mac ! » Le salua Richie avant de prendre place dans le fauteuil juste en face de ce dernier.
- « Salut Richie ».
- « Hé Mac, tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé. J’étais dans le métro ce matin et un type s’est mis à me sourire et à me parler. »
- « Hum… très intéressant. » Feint Macleod sans vraiment comprendre ce qui était intéressant là-dedans.
Ne tenant pas en place, Richie s’était relevé et à la façon d’un italien, il mimait ses paroles en s’approchant de Macleod.
- « Il était vraiment amical, tu vois le genre, souriant, tactile… Je crois qu'il me faisait des avances, pesant que j'étais gay ! »
Macleod sentit une main se poser sur son épaule, le caressant presque. Il lâcha du regard les pages de son livre pour voir son interlocuteur lui lancer un énorme sourire au-dessus de lui.
- « Ah… et je devrais m’inquiéter ? »
- « Non. »
- « Alors pourquoi me racontes-tu ça ? » Enchaîna Macleod en retournant à sa lecture.
- « Oh, ne sois pas sur la défensive sur ce sujet, Mac… » S’offusqua Richie.
Ce dernier reprit sa place sur le fauteuil en face de son aîné, sans s’installer confortablement, sûrement trop nerveux pour apprécier la situation.
- « Je ne suis pas sur la défensive ! Pourquoi est-ce que je m’inquièterais que t’ais rencontré un gay ? J’essaie de lire, là. »
- « Oh mais je n’insinue rien, Mac. Je pense juste que nous devrions en parler. »
- « Parler de quoi ? Cette conversation est terminée ! »
- « Ouais, mais… »
- « Dehors !!! »
- « Techniquement et je suis déjà dehors…. » Déclara Richie en regardant la vue offerte du ponton de la péniche.
- « Dégage ! » Clarifia alors l’écossais.
- « Okay j’arrête… »
Le jeune américain se releva mais sans suivre les directives de Duncan. Il s’adossa à la rambarde, plongeant son regard dans les flots.
- « N’empêches que si tu étais gay, il n’y aurait pas de souci. Je veux dire que je t’apprécierais quand même. Parce que tu vois, si c’était moi qui étais gay, je me sentirais libre de te le dire. » Expliqua Richie sans s’empêcher de préciser bien qu’il ne l’était pas. »
- « Quoi ? »
- « Si tu étais homo… »
- « Ne recommence pas ! » Macleod las de relire pour la huitième fois le même passage de son bouquin sans jamais rien y comprendre.
- « … je serai toujours là… »
- « Richie, j’essaie de lire ce livre. »
- « … année après année… »
- « Richie ! »
- « … parce que je tiens à toi… »
- « Argh ! » Explosa Macleod en refermant son livre subitement.
Il emprisonna son livre entre ses deux mains avant de le poser sur la petite table devant lui. Le grand guerrier qu’il était n’allait pas tarder à perdre patience. Il passa sa main dans ses cheveux pour les lisser en arrière, histoire de les tenir occuper le temps de faire le vide en lui et de trouver un moyen pour échapper à cette discussion qu’il ne voulait pas avoir. Puis il reprit son livre et se réinstalla correctement avant de reprendre sa lecture. Mais c’était sans compter sur l’entêtement du blondinet.
- « …et je sais que tu… »
- « Que quoi ? » Macleod en serrant les dents.
- « … que tu m’accepterai… »
- « Je quoi ? »
- « Si je te disais aujourd’hui - Hé ! J’suis gay ! - Mais t’as bien compris que je ne lui suis pas en vrai, et bien je serais heureux d’être à tes côtés. » Annonça fièrement Richie en faisant face à Duncan.
Ce dernier tenta de l’ignorer et se mit à lire à haute voix. Peut-être qu’ainsi, il aurait plus de chance de comprendre ce qu’il bouquinait.
- « … Un matin quelqu’un avait dit qu’il était beau et, depuis, tout le monde le lui répétait, Francillon et Gabel l’appelaient « Gueule d’Amour ». Naturellement, Boris ne marchait pas, mais c’était agaçant parce que la beauté n’est pas une qualité d’homme ... »
Comprenant la tactique de son aîné, Richie poursuivit son monologue un peu plus fort encore tout en revenant à ses côtés.
- « Et puis t’aurai plus à craindre que je te surprenne avec des gars au lit. »
- « Richie, c’est dégoûtant ! »
- « Non ! Si t’étais gai, je crierais hourra ! »
- « Je ne t'écoute plus ! » Duncan en se bouchant les oreilles.
- « Et je resterai à tes côtes. » Continua le blondinet lorsque Duncan eut finalement retiré ses doigts des oreilles.
- « Bla bla bla. »
- « Je voudrai juste être au courant. »
- « Aaaah ! » Hurla-t-il dans un désespoir ultime.
- « Tu peux compter sur moi pour te dire que ce n’est pas de ta faute, que t’es né ainsi et que t’as de l’ADN homosexuel en toi ! »
- « De l’ADN homosexuel ? Non mais tu t’écoutes parler parfois !? »
- « Bon d’accord, ça ne viendrait peut-être pas de ton ADN, mais c’était ma façon de te soutenir dans cette rude épreuve. »
- « Mais je ne suis pas homo ! Pourquoi tiens-tu tant à ce que je te dise que je suis gay ? »
- « Parce que je t’ai vu avec Methos. »
Quinze secondes de silence qui confirmèrent à Richie qu’il avait vu juste. Quinze secondes de réflexion pour Duncan qui cherchait de quoi Richie voulait exactement parler. Quinze secondes de calme pendant lesquelles les deux immortels eurent le loisir d’entendre les pigeons voler, les bateaux-mouches naviguer, et la cloche de Notre Dame sonner. Et alors, Macleod prit sur lui et acquiesça.
- « Oui je traîne souvent avec lui, mais ça ne fait pas de moi un homo. »
- « Vous étiez au restaurant. »
- « On a beau être immortel, ça ne nous empêche pas d’avoir faim. Bon sang Richie, arrête de te faire des films, tu deviens lourd à la fin ! »
- « Je vous ai vu, je faisais le service. »
- « Et tu ne sais même pas mentir correctement. Je te rappelle que nous t’aurions senti approcher à plus de 100m à la ronde ! »
- « Justement vous étiez trop préoccupés à vous regarder dans le blanc des yeux pour remarquer ma présence ! »
Devant les vingt secondes de mutisme de la part de son interlocuteur, Richie sut qu’il avait à nouveau fait mouche et reprit de plus belle.
- « Ah t’as rien à dire ! Ça t’en bouche un coin, hein ? Donc je disais que j’aurais juste apprécié que tu m’en parles avant. »
Macleod avait ouvert la bouche prêt à commenter puis s’était ravisé à la dernière seconde. Il se recula dans son fauteuil extérieur et dévisagea le jeune homme devant lui. Jeune, assez mignon, petit manque d’assurance qu’il essayait de cacher. Richie avait beaucoup changé depuis leur première rencontre. Les cheveux courts le vieillissaient un peu. L’été lui donnait un teint halé faisant ressortir le bleu de ses yeux. Son débardeur laissait apparaître le début d’une musculature régulièrement travaillée. Et son bermuda probablement trop juste d’au moins une taille moulait ses fessiers à merveille.
- « Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? » S’inquiéta Richie face au changement d’attitude de son ami.
Macleod ne releva même pas tant il était préoccupé à faire son inspection. Il était un peu à l’origine de cette transformation et voulait finir son état des lieux par simple fierté personnelle.
- « Lève les yeux et arrête de mater mes fesses. Mac… arrête ça de suite… Mac ! »
Bon et aussi il aimait toujours autant se payer la tête de son apprenti. Alors il se leva d’un bond, se rapprocha insidieusement de son cadet en le dévisagea langoureusement avant de lui répondre avec un étonnement non feint.
- « Tu disais que tu m’accepterais… ?! »
- « Pas si tu flashes sur moi ! »
Richie le stoppa dans son élan. Il venait d’éviter de justesse d’être enlacé par son mentor. Pas qu’il n’y avait jamais eu d’accolades entre eux, mais dans ce contexte là, il préféra garder ses distances. Les paumes de main bien tendues vers l’avant pour éviter les quiproquos, il descendit ses doigts le long des bras de son aîné afin de les lui remettre le long du corps. Puis il recula d’un pas, un sourire forcé sur les lèvres et lui fit un signe de la main avant de prendre ses jambes à son cou.
- « Richie, reviens… Faut qu’on en parle… c’est important dans un couple… Richie… »
Fin.