Voici une traduction des souvenirs d'Adrian PAUL sur une de ses expériences dans la réalisation pour l'épisode de la série TV «Byron, l'Ange noir» (The Modern Prometheus).La version originale sur le site officiel de Adrian Paul :
http://www.adrianpaul.net/prom.html« Byron, l'ange noir » était censé être un épisode avec une participation réduite pour moi. Ken GORD le producteur avait mentionné aux auteurs que ce pourrait-être une bonne idée de me donner moins d'importance pour diriger, pas parce la fois précédente avait été difficilement surmontable mais parce que ça avait été une année chargée. Ce que nous avons obtenu en retour était un épisode avec deux combats à l'épée, deux quickenings, deux scènes de flashback, des scènes avec 5 personnages simultanément, deux grosses cascades et une course en chariot. Et tout ceci en 8 jours de tournage. C'était peu. Ils disaient que j'aimais travailler comme ça. Je pense que cet épisode a été le meilleur, « techniquement » parlant que j'ai pu réaliser. J'ai appris de plus en plus tout le long et j'ai voulu essayer différentes choses. L'histoire traitait du célèbre écrivain Byron, qui, étant immortel, avait vécu par delà les siècles en essayant de stimuler ses sens avec drogues, alcool et toutes autres choses qu'il pouvait obtenir et qui lui procuraient de l'adrénaline. De nos jours, il était devenu comme une rock star. Cela m'a donné l'idée de filmer beaucoup de passages musicaux dans cet épisode. Le combat final et la scène du quickening ont été montés exactement comme un clip ce qui, je pense, était une excellente idée du monteur Don PAONESSA.
Dans cet épisode particulièrement, à la différence d'autres, nous avons eu également eu à traiter un personnage ayant existé d'un point de vue historique. Quand le manuscrit est arrivé la première fois, j'étais excité mais également déçu par le contenu. Ils étaient passés totalement à côté des travaux de Byron et s'étaient juste focalisés sur sa débauche. J'ai senti que nous devions employer certains de ses travaux dans l'épisode pour donner plus de véracité au personnage. Ainsi, je suis parti lire la biographie de Byron. Une fois fait, j'ai décidé d'inventer ses dernières apparitions en exposant le côté poète de Byron. Ce que j'ai trouvé était une citation que j'ai imaginé pour justifier l'acharnement de l'adversaire de Byron (Duncan Macleod) avant la mise à mort finale. Le truc était que Macleod l'emportait et finissait le poème qu'il connaissait lui aussi.
La portée réelle de cet épisode m'a davantage excité qu'intimidé. En plus, j'ai dû improviser et changer des plans. Quand je suis arrivé sur le plateau le premier jour, on m'a averti que les acteurs n'étaient pas prêts puisqu'il n'y avait plus d'électricité depuis deux heures. Ainsi nous avons dû proposer un plan de rechange. Le deuxième jour n'était pas mieux. Je suis arrivé sur le plateau pour voir le premier assistant du directeur inquiet. Après lui avoir demandé ce qu'il se passait, il a prétendu que tout allait très bien. Cependant en l'observant sans relâche pendant quelques minutes, je suis retourné le voir et il a admis que l'actrice était une figurante recrutée auprès d'un hôtel. Ainsi nous avions maintenant des frais supplémentaires. Génial ! Une heure et demie de perdue. J'imagine que je dois improviser... aller, improvise Adrian, improvise.
Je voulais que dans cet épisode les scènes dans le présent donnent une impression différente par rapport aux flashbacks. Je voulais que les scènes dans le passé soient filmées plus comme une pièce de théâtre. Ceci pour dire que j'essayais de laisser le rôle aux caméramans dans certaines scènes et laisser les acteurs jouer jusqu'au moment où nous devrions faire un gros plan. De plus, je voulais que les scènes dans le passé puissent être plus riches dans le jeu de couleurs puisque c'était un temps de romance et de courtoisie. Il s'agissait du passage où Byron faisait la fête avec certains de ses amis (Mary SHELLEY, l'auteur du roman de science fiction « Frankenstein », étant l'une d'entre eux).
En filmant la totalité du passage du flashback, je pouvais entendre de la musique classique dans ma tête. L'endroit était parfait et je pouvais filmer quelques plans très larges avec le soleil parfaitement placé pour donner l'illusion d'un contexte romantique à la course. J'ai filmé toute la scène sur un chariot pour faire émerger un sentiment émouvant et artistique. J'ai filmé dans sa presque totalité la scène de libertinage en me déplaçant, tiré par chariot d'un personnage à l'autre. J'ai même ajouté une chèvre dedans au début de la prise pour donner un aspect libertin que le public ne voit jamais vraiment. Le dernier jour, nous avons tourné le combat et la décapitation, ce qui avait une double signification. Mary Shelley qui est présente à la résurrection de l'écrivain Byron après avoir reçu un quickening, fut inspirée pour écrire le roman « Frankenstein » où son personnage principal est réveillé par la foudre. Donc j'ai eu recours à la lévitation du corps de Byron et je me suis arrangé pour que les éclairs traversent son corps comme s'il était une marionnette.
Dès lors, je voulais gommer cet aspect grave semblant dépeindre la perte de Byron et j'avais l'habitude de la caméra pour représenter ce mauvais sentiment qu'il a du monde. Dans le présent, je voulais donner un aspect plus glauque et décadent pour dépeindre la perte de lui-même de Byron et j'ai utilisé la caméra pour représenter ce sentiment de malaise qu'il a par rapport au monde. Les scènes dans le présent étaient à la fois filmées par des caméras tenues à la main et des caméras statiques pour faire des coupures rapides afin de donner une sensation différente. J'ai voulu retrouver cet éclectisme pour l'atmosphère frénétique du rock et donc j'ai également utilisé plusieurs angles de prise un peu bizarre. Le choix de Byron sur un jeune ressemblant à Jimmy Hendrix lui-même a concouru à créer ce sentiment que ce garçon ayant un grand talent fut facilement séduit et détruit par la haine de Byron lui-même.
Le point culminant de tout ça était le combat final et son quickening. J'ai voulu qu'il ressemble à un clip vidéo de MTV et j'ai employé des angles et des inclinaisons inhabituelles de caméras pour lui donner une impression fantastique. Quand Duncan Macleod tue Byron, je pensais le faire léviter lui aussi, comme métaphore de la grandeur de Byron qui a seulement été stoppée et dévorée par son ego et sa dépendance aux hallucinogènes pour mettre le feu à son esprit créateur.
L'épisode semblait correct. Nous avions accompli une énorme quantité de travail pour rentrer dans les délais, si bien que j'imaginais être interrompu mais le dernier jour arriva, celui du combat final. L'intérieur de l'entrepôt que nous avions choisi convenait, la chorégraphie aussi, mais alors... Pendant l'une des premières prises j'ai été frappé avec une épée au visage, à côté de mon œil gauche. Stoooooooop. J'ai dû être transporté en sang dans ma loge, et il a fallu me faire des points de suture, sans anesthésie, pour recoudre la plaie, sinon le gonflement aurait été trop évident. "
Ce n'était pas vraiment la manière dont j'espérais finir. Cependant, j'étais heureux du travail accompli dans cet épisode particulièrement car c'était, techniquement, l'effort plus intéressant qu'il m'ait été donné de fournir jusqu'ici.