Voici une traduction des souvenirs d'Adrian PAUL sur sa première expérience de réalisation dans la série Highlander avec l'épisode "Retour aux Sources" (Homeland). La version originale sur le site officiel de Adrian Paul:
http://www.adrianpaul.net/homeland.htmlMa première expérience en tant que réalisateur s'est effectuée au fin fond de l'Ecosse à la fin de la saison 3 de la série HL en 1994. J'ai volé au dessus de l'Écosse pour obtenir les prises de vues qui, plus tard, ont été utilisées pour le générique de la série. Je me suis aperçu que c'était une bonne occasion d'incorporer également certaines prises pour l'épisode d'ouverture de la saison 4. J'ai persuadé les producteurs de me donner les brides du premier épisode afin de pouvoir filmer certaines scènes spécifiques du début ou de la fin de l'histoire. David ABRAMOTWITZ et moi même avons discuté de l'idée d'un retour de Duncan Macleod sur ses terres natales. Ma première expérience de réalisateur était de m'assurer que le tournage était conforme au manuscrit et non seulement avec ma vision, mais aussi avec celles des auteurs et producteurs. Nous avons commencé dès que nous sommes arrivés en Ecosse. C'était ce que je décrirais comme le baptême du feu: un tournage de guérillero en mieux ! Tout ce qui était susceptible de mal tourner a finalement mal tourné ! Les pellicules principales étaient restées à Paris, et donc de nouvelles ont dû être expédiées de Londres.
Les costumes ont été oubliés par erreur au camp. Il nous manquait les supports nécessaires pour les prises de vues et nous avons découvert plus tard qu'ils avaient été transportés ailleurs. Le climat changeait d'un instant à l'autre, passant d'un ensoleillement à une trombe de pluie. La pluie s'est d'ailleurs infiltrée dans la caméra, qui a dû être séchée grâce à une sèche cheveux emprunté à un local de pub. Tous ces désagréments s'ajoutant les uns aux autres m'ont obligé à garder les pieds sur terre. Je me suis rendu compte qu'un réalisateur doit non seulement avoir un projet de tournage solide avant de commencer à filmer, mais doit également s'attendre à ce que les prises changent au fur et à mesure des imprévus.
Mon projet pendant ces deux jours de tournage? Que sais-je? Mais j'ai appris une chose : quand le doute s'installe, il faut improviser ! Une fois, il nous manquait un sac et une épée qui auraient dues être sur l'épaule de Duncan Macleod pour une prise aérienne de lui marchant dans les montagnes écossaises. Mais j'avais été transporté en voiture à l'emplacement suivant et nous avons dû ajuster les accessoires de mon personnages. Donc nous avons "emprunté" un sac qui lui était semblable seulement en couleurs. Nous l'avons enveloppé dans un tissu de couleur crème et l'avons bourré à l'intérieur du sac, afin de faire semblant qu'il porte une épée, et espérant que personne ne remarquerait, puisque c'était une prise depuis un hélicoptère. Deux mois plus tard, à Vancouver, je me suis assuré qu'au moment où j'arrivais pour filmer l'épisode en question, j'avais un bon projet à filmer avant de me saisir de la caméra.
L'histoire de "Retour aux sources" était basé sur le thème de l'amour et de l'honneur. C'était une question de passion pour son clan et ses racines. J'ai voulu que la caméra rende compte d'une ambiance mystique entraînant les spectateurs dans un autre monde, dans un lieu et à une époque différente. Je pense que le moment que j'ai le plus réussi était la prise où Duncan Macleod ressent un immortel pour la première fois. J'ai employé un système où la caméra tournait autour de lui pendant qu'il se tenait debout dans la forêt en essayant de trouver d'où ce « sentiment » venait, pour donner l'idée de la crainte, de l'incertitude et du mystique.
Nous avons choisi de filmer 1/2heure dans les montagnes à l'extérieur de Vancouver. C'était le début de l'été, le temps parfait... ou presque. Le terrain l'a rendu difficile le déplacement de l'équipe, mais nous avions le contrôle d'une façon ou d'une autre. Ce à quoi nous n'avions pas pensé c'était la présence de millier (non, de millions) de moustiques et de moucherons en raison du temps humide. Heureusement quelqu'un avait apporté des chapeaux en filet que chacun pouvait porter entre des prises.
Parfois, les obstacles peuvent être votre meilleur allié. J'ai décidé d'utiliser une machine de fumée dans une scène romantique entre Duncan Macleod et son premier amour, Debra Campbell, pour la raison principale de maintenir les mouches éloignées. Le résultat a rendu la scène romantique, bien qu'il y ait eu tant d'insectes et que nous nous étouffions avec eux! Je me rappelle qu'une fois un moustique s'est posé en plein milieu du visage de l'actrice jouant le rôle de Debra. Ne voulant pas arrêter la scène, je l'ai tendrement écrasé avec mon pouce avant qu'il ne puisse la piquer. Sur la caméra, cette scène n'a pas été vue comme assassinat, mais plutôt comme un geste affectueux entre deux amoureux... un accident qui a trouvé plus tard une bénédiction.
Techniquement, je ne pense pas que « Retour aux sources » fut mon meilleur travail de réalisation. Mais l'épisode a certainement montré l'émotion que je voulais et je pense que c'était visible dans le résultat final. Une autre leçon importante que j'ai retenue, c'est que plus vous vous investissez dans le tournage, plus le tournage vous le rend en vous permettant d'ouvrir votre esprit et vous découvrez une façon d'exprimer ce que vous vouliez plus clairement. Les scènes extérieures complexes sont magnifiques si elles sont utilisées correctement, mais si elles ne collent pas avec le sujet, alors l'émotion est perdue dans l'agencement des prises entres elles.
On m'a demandé comment c'était d'être aussi bien devant, que derrière la caméra. Dans ce cas particulier, j'ai trouvé relativement facile à composer avec les deux. Un réalisateur doit avoir la passion pour son projet, et avoir joué Duncan Macleod pendant déjà trois ans avait bien préparé à cela. Mais je ne pense pas que ça soit une chose facile à faire, ni nécessairement mettre les deux casquettes en même temps... à moins que j'ai un rôle secondaire dans une partie que je réaliserais. Pour « Retour aux sources », j'en étais capable en raison de l'appui fantastique que j'ai obtenu du service de l'équipe et des producteurs.