"Quand les aliens ont-ils été plus populaires à la télé que la magie ? Est-ce que les séries sur le voyage temporel se portent mieux que celles sur l’exploration spatiale ?
Le site io9 s’est amusé à faire un classement des thèmes les plus abordés à la télévision, afin de comprendre quelles ont été les mutations diverses qu’a connu la SF depuis 1970.
Un travail fastidieux, puisque les auteurs de cette étude se sont basés sur plus de 300 shows de SF et de fantastique, de 1970, date de la fin de la série Star Trek originale, à nos jours. Au final, sont référencés dans ce classement les programmes les plus emblématiques, regroupés selon les catégories suivantes : aliens, robots, voyage temporel, voyage spatial et magie. Ces cinq thèmes étant ceux qui reviennent le plus souvent sur nos petits écrans. (Les shows relevant de plusieurs catégories entrent dans le décompte de chacune d’entre elles, par exemple : Star Trek : The Next Generation est donc comptabilisée dans les catégories aliens, voyage spatial, robots et voyage temporel.)
Ce graphique nous révèle qu’au fil des ans, certains thèmes partagent la même courbe de popularité. En effet, on constate que les voyages dans l’espace et les aliens sont étroitement liés, puisque le voyage temporel implique presque toujours des aliens. Mais on observe aussi une époque charnière entre les années 70 et 80. Une transition s’opère durant laquelle la courbe "robots" suit de plus en plus celle des "aliens". Cette évolution s’explique en partie par la présence à la télé, en augmentation ces dernières décennies, de shows sur les aliens et de shows sur les robots, qui s’avèrent le plus souvent être réunis au sein d’un seul et même programme, tandis que dans les années 70, des séries comme Batman ou The Bionic Woman pouvaient traiter d’intelligence artificielle mais pas d’extra-terrestres.
Il est également intéressant de se pencher sur les courbes de tendances de la catégorie "magie". En 1970, il y a un gouffre entre les séries impliquant la magie et celles davantage tournées vers la science, ce qui peut se justifier par les différences de coûts de production de ces programmes. En effet, le Capitain Kirk nécessitait des décors onéreux et une armée de maquilleurs, alors que Samantha Stevens avait surtout besoin de tortiller du nez et d’une bonne dose de montage à l’arrivée.
Mais, plus le temps passe et plus les attentes du public envers les séries "magiques" rejoignent celles des fans de séries SF. Dans le même temps, la courbe "magie" commence à connaître les mêmes fluctuations que ses voisines, même si les shows "supernaturels" font un peu de résistance.
La courbe du "voyage temporel" est particulièrement intéressante, pas tant pour ce qu’elle nous dit sur leur popularité, mais plutôt pour ce qu’elle nous raconte sur l’éventail des histoires abordées. Bien que le voyage temporel soit parfois, pour les shows en question, le ciment de l’histoire, son postulat de départ (comme Code Quantum ou 7 jours pour agir), ce thème apparaît aussi fréquemment dans des séries d’un tout autre domaine de SF ou de Fantasy. La franchise Star Trek, Loïs et Clark et même Xena ont eu droit à leur épisode sur le voyage temporel.
Mais le fait le plus frappant que ce graphique met en avant, c’est le véritable boom des années 90, tous thèmes confondus, et qui semble être en perte de vitesse ces dix dernières années. Ce phénomène suggère un vote de confiance jamais égalé dans les séries de genres, que l’on constate beaucoup moins depuis. Autre point qui mérite d’être relevé, les shows sur le voyage spatial sont les premiers à pâtir de cette situation, et bien que toutes ces séries parviennent à résister plus longtemps, il semble qu’elles aussi soient sur la pente descendante.
Cela augure-t-il le déclin des shows de SF et de Fantasy ? Ou peut-être est-ce le signe d’un basculement vers des séries moins coûteuses, une SF plus orientée vers un futur proche, d’anticipation, avec des préoccupations différentes, comme Dollhouse, Chuck ou encore Fringe ?
Graphique réalisé par Steph Fox et recherches additionnelles par Alexis Brown. "